Ne reviens pas, je ne t'attends plus. [Keven R.]

J’avais envie de quoi, au juste? Peut-être simplement de sortir de mes pensées, de ne plus y repenser. Repenser à lui, à tous nos moments ensemble, ceux auxquels je tenais auparavant. J’avais tout donné, tout, sans exception. Il fallait maintenant que j’y renonce. À lui, à ma vie, à mon avenir avec lui. Renoncer à tout cela n’était pas tâche facile, bien au contraire. Le port était un endroit merveilleux pendant la nuit. Abandonné, vide et calme. C’était bien ce qu’il me fallait pour pouvoir jeter tous mes souvenirs. Cependant, je ne savais pas si je pouvais m’en débarrasser si facilement que j’ose le croire. J’avais mis la fameuse bague de mariage que Kev’ m’avait offert autour de mon cou, retenue par une simple chaîne dorée. Mais pas faite de vrai or, je n’avais pas l’argent pour de telles dépenses. Ces temps-ci, je ne rentrais plus dans ma chambre, car cet endroit me rappelait trop de souvenirs qui me faisaient dérouter. Je me sentais seule, comme jamais avant. Toutes les solutions que les gens m’avaient proposé n’avaient aucun effet sur moi. Ce que je voulais, c’était lui. Je voulais le retrouver, savoir où il est. Mais à quoi sert l’espoir quand il n’en reste plus? À quoi sert de vivre quand la raison de votre vie disparaît, du jour au lendemain sans laisser un mot? Quand on attends des heures au même endroit, et qu’on fouille la ville pour trouver une seule personne en sachant de la part d’un barman que la personne en question est partie pour de bon, je peux vous assurer que la colère et la peine sont les seules émotions qui vous hantent pendant bien du temps. Mais pour moi, la colère avait fait son temps et avait laissé place à la peine, toute crue, froide et sans pitié. Je m’étais toujours demandé si un jour, il allait me quitter. Si tout cela n’était pas un simple rêve, si je n’allais pas trop vite. Peut-être que je m’étais embrouillé l’esprit, qui sait. Je n’avais pas pris le temps d’analyser tout autour de moi, comme d’habitude.

Battons-nous pour la paix, restons polis et bienveillant, utilisons un bon langage et ne faisons rien qui va à l’encontre de Dieu. Toutes ces belles paroles ne sont que de l’eau. Et pourtant, j’avais vraiment le sentiment qu’à quelque part, il y avait du véridique. S’il nous fallait croire en quelque chose , alors pourquoi pas cela? Pourtant, je me refusais à croire cela, car au fond de moi, je savais que le monde était inchangeable. Enfin, il ne fallait peut-être pas penser ainsi. C’était une opinion différée. J’avais la mienne, comme les autres avait la leur. Je me levai du bord de l’eau, me dirigeant vers le café dans lequel moi et Keven nous étions rencontrés. Tant de souvenirs me revenaient en mémoire, mais je faisais tout ce que je pouvais pour les éloigner, les tenir loin de mon esprit. Mais ces souvenirs me hantaient, peu importe où j’allais, peu importe où j’étais. J’avais beau fournir tous les efforts possibles pour les éloigner, mais rien n’y faisait. On m’avais pourtant dit que l’amour était passager, que rien ne durait. Mais j’avais trop espéré, trop cru en cet union. Il avait disparu du jour lendemain, sans me dire quoi que ce soit, sans me laisser un mot. Keven m’avait laissée seule, comme s’il avait décidé de rompre notre union, de défaire notre avenir. Cette nuit, il fallait que j’aille à quelque part où je pouvais me défaire de ces souvenirs une bonne fois pour toutes. Je voulais faire la paix avec moi même, avec tout ce qu’il s’était passé.

Mes pas raisonnaient sur l’allée de brique menant au centre-ville. Cet endroit était spectaculaire, couvert de stands, de boutiques toutes plus gigantesques les unes que les autres. Moi, je cherchais le café. Il y en avait plusieurs ici, mais je savais lequel représentait l’histoire de ma vie. Cependant, je n’osais pas y mettre les pieds maintenant. J’avais peur. Peur de quoi, au juste? Peut-être d’avoir trop espéré, qu’il soit là. Qu’il soit revenu. Pourtant, c’est ce que je voulais. Au fond de moi, je savais que ça tournerais mal, s’il se pointait ici. Des souvenirs me tourmentaient encore une fois. Une fois rendue au centre-ville, je m’arrêtai. J’avais besoin d’un moment pour réfléchir, pour respirer. Car à chaque fois que ces souvenirs revenaient, je sentais un grand pincement au cœur. Une fois ce dernier parti, je me remis en marche. Il fallait que je m’y rende, sinon, jamais je ne ferai la paix avec moi même. J’entrai dans le café, allant m’asseoir dans le fond de la pièce. Un serveur vint à ma rencontre, me demandant si je voulais quelque chose.

- Pas pour l’instant, merci.

Lui dis –je d’un ton neutre, que j’avais l’habitude d’employer ces temps-ci. Il repartit bien vite, avec un air un peu.. embarrassé. Sans dire un mot, rien. Il devait s’être senti mal de m’avoir dérangé.. Mais il ne m’avais pas du tout dérangée. C’était simplement le ton de ma voix qui donnait cet impression de froideur et de dérangement. Bref’ je regardai autour de moi, reconnaissant toujours la même clientèle qu’à l’habitude. Mais l’ambiance n’était pas pareille, sans Keven. À l’habitude, il se mettait à jouer du piano tandis que tout le monde chantait les airs qu’ils connaissaient par cœur, ou fredonnait les mélodies joyeusement. Avec son départ, Kev’ avait emporté la bonne humeur qu’il avait laissée autour de lui. Comment tout cela était-il possible? Comment ça pouvait arriver du jour au lendemain? Pourquoi m’avait-il abandonnée de la sorte? Je luttai contre les larmes qui se manifestaient au précipice de mes yeux, essayant de les retenir tandis que je fixais le piano attentivement. Alors, pourquoi se donner de l’espoir quand il n’y en avait plus? Il fallait passer à autre chose, faire mon deuil de cette stupide histoire d’amour qui n’as menée à rien. Une larme coula sur ma joue puis, pour la première fois, laissa les autres couler. Je pleurais en silence, pour la première fois depuis qu’il était parti.

» Reviens [PV Flo']
» Pv Keven .
» Keven.R
» Nouveau Job' . PV Keven R.
» Divagations [ Keven ]